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À la recherche d'alternatives

Les firmes phytos, à l'instar de toute la profession, sont à la recherche de nouvelles solutions et y mettent les moyens, même si le déploiement patine encore.

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La montée des protestations de toutes parts ainsi que la multiplication des interdictions ont eu l'effet escompté, les choses doivent et vont bouger, si cela n'a pas déjà commencé. Les industriels, en tant que « partenaires privilégiés » de l'agriculture, l'ont bien compris : cette évolution ne se fera pas sans eux, ils font partie de la solution.

Retour au naturel

« Chimie », « de synthèse » sont des mots et des expressions qui font peur aujourd'hui. Comme pour les produits agroalimentaires, l'utilisation de produits dits « naturels » est devenue gage de qualité. Trouver des substances naturelles efficaces est également une nécessité pour étoffer l'offre de molécules chimiques de plus en plus restreinte, et limiter les phénomènes de résistance qui s'installent et se révèlent toujours plus préoccupants.

Pour ce faire, les firmes se donnent les moyens d'innover en multipliant les partenariats et les investissements. BASF a renouvelé cette année son accord de recherche sur les biofongicides avec la PME française PAT (Plant Advanced Technologies). Les petites entreprises sont souvent des viviers d'innovation, mais leur faible envergure ne leur permet pas de diffuser leurs solutions à grande échelle. Corteva Agriscience, issue de la fusion Dow-DuPont, vient d'investir 16 M€ pour une nouvelle unité de production sur un de ses sites alsaciens, qui conditionnera des produits innovants dont la substance active est naturelle. « L'usine de Cernay va produire des solutions qui répondent efficacement aux besoins agronomiques des producteurs, tout en apportant une réponse concrète aux attentes de la société avec des produits d'origine naturelle », a affirmé Éric Dereudre, directeur Europe du Nord de Corteva. Cependant, investir ne suffit pas. Selon lui, « la capacité à répondre aux demandes des agriculteurs et consommateurs français dépend d'un cadre réglementaire favorable à l'innovation ».

Le cuivre : un contre-exemple ?

Le cas du cuivre montre cependant que ce qui est naturel n'est pas forcément inoffensif. Indispensable en agriculture bio par son incomparable efficacité, son utilisation en excès est toxique pour l'environnement. Des restrictions d'usage s'avéreraient problématiques. « L'agriculture biologique est dépendante du cuivre comme l'agriculture conventionnelle est dépendante du glyphosate, explique Christian Huyghe. Le problème qui se pose systématiquement avec ces molécules emblématiques, c'est qu'elles n'ont pas de petite soeur. » La Commission européenne a ainsi décidé de reporter le vote sur le renouvellement de l'autorisation du cuivre, initialement prévu cet automne. Affaire à suivre...

Le biocontrôle en avant

Cette année encore, le marché du biocontrôle continue sa croissance. Les produits destinés à l'agriculture représentent 66 % du marché. Selon le baromètre IBMA France, « une cinquantaine de nouveaux produits de biocontrôle devraient être lancés d'ici 2020 » et couvriraient la plupart des filières agricoles et des JEVI. Le biocontrôle s'affiche maintenant comme la solution, et aucune firme ne veut passer à côté de ce marché, mais cette nouvelle expertise nécessite d'être construite. Bruno Baranne, président de Syngenta France, souligne qu'« avec le biocontrôle, il faut fournir un résultat similaire au conventionnel à l'agriculteur » et qu'il « reste à découvrir la solution de rupture ».

Combiner les solutions

Bien que les alternatives au conventionnel se développent de plus en plus, leur moindre efficacité est parfois pointée du doigt par les utilisateurs. Remplacer totalement les produits phytos conventionnels semblant encore utopique, la combinaison des solutions apparaît comme le bon compromis. Dans le cas de la lutte contre les adventices, avec l'interdiction du glyphosate annoncée en France, la combinaison de l'usage de produits conventionnels et de biocontrôle avec du désherbage mécanique s'impose.

Bien accompagner

Mais raisonner les pratiques restera toujours l'élément clé pour réduire l'usage des produits phytos. Les firmes le savent et développent des démarches globales de traitements associant produits et approche technique. Ainsi, Syngenta propose une approche complète de désherbage, « Désherbage 4D », structurée autour de quatre règles pour optimiser l'efficacité des produits et limiter les risques de résistance. Syngenta mise également sur la sensibilisation directe des agriculteurs aux bonnes pratiques d'utilisation, avec des slogans désormais apposés sur les emballages de leurs produits. Le digital s'affirme aussi comme un outil indispensable. Outre les OAD classiques pour l'application des traitements, les outils collaboratifs créant des réseaux d'observations des bioagresseurs se multiplient, comme Companion pour BASF, Geoinsecta pour Bioline Agrosciences... Ainsi les utilisateurs alertent et sont alertés en cas de potentiel risque, et peuvent raisonner leurs pratiques.

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